AUXEY-DURESSES


 

1 - Croix du Pont de Melin

Les croix sont sur la route du ciel comme un beau pont de pierre sur une rivière pour la traverser.
Le saint curé d’Ars
  
Je ferai ruisseler l’eau, et jaillir les sources au fond des vallées. Je transformerai le désert en étang, et la terre aride en fontaines (Is 41, 18).

Type de croix
Croix de chemin intégrée à un pont



Orientation
Situation :
Sur le pont qui permet à la rue d’Amont de déboucher sur la route de Beaune, en franchissant le ruisseau des Cloux.
Latitude :  46° 58' 50,14" N
Longitude : 4° 42' 36,26" E

Altitude : 296,30 m
Taille : la hauteur de la croix, mesurée depuis le tablier du pont est d’environ 3,80 m. Entre le niveau du ruisseau et le sommet de la croix il y a environ 5,40 m.

Description :
Le pont qui franchit le ruisseau des Cloux à Melin possède deux arches, et la pile centrale fait corps avec le piédestal de la croix. Ainsi, cette croix se trouve au milieu des eaux, à égale distance des deux rives. Le croisillon est aligné sur le parapet, et n’est pas orienté selon les points cardinaux.
Le piédestal qui s’élève du fond du ruisseau jusqu’au niveau du parapet joue le rôle d’un contrefort qui renforce la structure du pont et s’oppose à la force du courant en période de crue. Lui-même s’appuie sur un gros et solide rocher fixé dans le lit du cours d’eau.
On ne relève aucune inscription.


Historique :
Sacraliser les ponts est une pratique qui remonte aux temps païens. À cette époque, franchir un cours d’eau était périlleux, et cet acte nécessitait le respect de certains rites pour ne pas irriter le dieu des eaux. Le contrôle religieux des ponts était si important qu’à Rome, le chef religieux suprême était appelé le Pontifex Maximus, autrement dit le Grand faiseur de ponts, et à l’avènement du christianisme le nouveau chef religieux, le pape, a conservé ce titre de Pontife. Souvent, après la diffusion de la foi chrétienne, on ajoutait une croix sur le pont qu’on voulait consacrer, ou bien une chapelle si le pont était important. L’exemple le plus connu est sans doute le pont d’Avignon.
Mais le pont de Melin n’est pas aussi ancien. À Auxey, le plus vieux est le pont Boillot qui date de la fin du XVIIIe siècle. Auparavant il n’y avait que de simples passerelles et des gués. Le pont de Melin a été construit en 1817, avec des pierres provenant de la démolition d’un ancien four public. La croix n’a peut-être été ajoutée que par la suite, car on ne la voit pas sur le cadastre de 1825. En revanche, elle apparaît sur le plan d'alignement de 1841.
Les autres ponts d’Auxey n’ont pas de croix. Une croix aussi imposante sur le pont de Melin signale la piété de la population de ce hameau, restée intacte après la tourmente révolutionnaire.
Après la chute du croisillon, la croix a été restaurée, et bénie par le père Jean-Philippe Nollé le 28 novembre 2021.





2 - Croix du cimetière de Melin

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 5).

Type de croix :
Croix de cimetière

Orientation
Situation :
Latitude :  46° 59' 00,22" N
Longitude : 4° 42' 42,18" E

Altitude : 296,60 m
Taille : l’ensemble de la croix mesure environ 3,15 m.

Description :
Cette croix est en fonte moulée. Elle est fixée sur un piédestal de pierre.
La croix n’est pas orientée. Elle porte une figure du Christ, entourée par la couronne d’épines.
On remarque divers symboles comme le sablier qui illustre le temps qui passe, et surtout la vigne et les raisins qui rappellent le rôle du Christ, selon l’évangile de saint Jean.
Qui plus est, ce symbole est particulièrement approprié dans un pays de vignoble.

Historique :
Cette croix est récente. Les croix de fonte ont été proposées par les fonderies industrielles à partir du XIXe siècle. Naturellement, ce n’est pas un modèle unique.
Le cimetière et la croix n’existent que depuis 1890 environ. Auparavant, Melin ne possédait pas de cimetière.
En 1934, on dut remplacer la croix qui était cassée, ainsi que le piédestal de pierre qui fut refait en « pierre de Meursault non gélive ». 


3 - Croix Blanche, Melin
Dieu me garde de trouver ma fierté autrement que dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde (Ga 6, 14).


Type de croix :
Croix commémorative

Orientation
Situation :
Au bord de la route de Beaune, à mi-chemin entre Melin et Auxey
Latitude :  46° 59' 13,56" N
Longitude : 4° 43' 26,47" E

Altitude : 297,50 m
Taille : environ 3,30 m

Description :
C’est une croix du XIXe siècle.
Elle est en mauvais état. Le piédestal est fortement ébréché, notamment sur sa partie droite. Le fût est notablement incliné.
Le piédestal, de section carrée, est muni d’une console.
Inscription sur le dé :
O CRUX AVE
De manière inhabituelle, cette inscription ne se trouve pas sur la face frontale, mais sur la face latérale droite du dé.
Inscription sur le piédestal :
CETTE CROIX
A ÉTÉ ÉRIGÉE EN 18..
PAR J-BTEMARCHA..
ET ANNE BOFFAIT SON EP
……………………….......
A MELIN
Entre les mots ÉPOUSE et A MELIN, la pierre a été rabotée afin d’effacer une ligne. C’est dommage car il y avait là certainement une indication sur la raison de la construction de la croix. Il faut croire que l'inscription n’a pas plu à tout le monde.
Inscription sur la croix : INRI
Aux extrémités du croisillon sont sculptés des fleurons en forme de symboles astronomiques. On remarque encore un croissant de lune à l'orient. Le fleuron occidental, qui a été brisé, devait représenter le soleil ou une étoile. La croix du cimetière de Volnay présente des fleurons analogues. Il s'agit de rappeler le caractère cosmique et universel de la mort du Christ.
Historique :
Une croix existe à cet endroit depuis longtemps, puisqu'un document de l'époque révolutionnaire indique qu'on a vendu en 1794 comme bien national une vigne appartenant à un émigré, vigne située au lieu-dit la Croix-Blanche. Mais il est probable que cette croix, très visible au bord d'une route passagère, a été abattue pendant la période révolutionnaire et reconstruite au cours du siècle suivant.
Jean-Baptiste Marchand, né en 1829, était un propriétaire de Melin qui s’est marié en février 1859 avec Anne Boffait, née en 1836, dans une famille de Nolay.

Quand on est auprès de la Croix blanche, on peut admirer le site de Saint-Romain. Une note manuscrite conservée aux Archives départementales précise que Monseigneur Rivet, qui fut évêque de Dijon de 1838 à 1884, faisait arrêter sa voiture quand il passait près de cette croix, et descendait pour écouter le son de la cloche de l'église de Saint-Romain (cette cloche, remarquable pour un village, présente un diamètre de 1,45 m et un poids approximatif de trois tonnes). Le sonneur averti ne manquait jamais de lui faire ce plaisir.

Lorsque la route a été élargie en 1974, la croix a dû être enlevée pour être remise en place plus haut sur le talus. C’est peut-être à l’occasion de ce déplacement qu’elle a été dégradée.



4 - Croix des Pâquiers, Melin
Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien,
Il me fait reposer dans de verts pâturages (ps 22, 1-2).

Type de croix :
Croix de village, située au lieu-dit les Pâquiers (mot signifiant pâturage) C’est sans peut-être une croix commémorative, car elle porte une date.
  
Situation :

Orientation
Au carrefour de l’ancienne rue de Moulins à Bâle et de la route de Beaune
Latitude :  46° 58' 56,38" N
Longitude : 4° 42' 43,97" E

Altitude : 293,10 m
Taille : avec 2,70 m de hauteur, c’est la plus petite des croix d’Auxey.


Description :
     Cette croix est d'un type courant au XIXe  siècle, avec deux particularités :
- On constate la présence d’une niche creusée dans le fût. Généralement, les niches des croix sont faites pour abriter une statue de la Vierge. C’est ce que l’on constate à Aubigny-la-Ronce, où l’on peut admirer une superbe croix dont la niche est garnie d’une statue. La statue a-t-elle jamais existé à Melin ? Aucune trace de scellement n’est visible.
La niche de certaines croix est creusée dans le piédestal. Il est évident que creusée dans le fût comme à Melin, elle fragilise la croix.
     - Il n'y a pas d'emmarchement, mais on constate la présence d’une dalle transversale au sol devant la croix.

Inscription sur la croix :        INRI
Inscription sur le piédestal : O CRUX AVE
                                             SPES UNICA
                                                                                 MELIN LE 9 MAI 1874   
    
Historique : 
La date du 9 mai 1874 fait-elle référence à un événement survenu à Melin et qui demeure inconnu ? À moins qu’il s’agisse simplement de la date de la bénédiction de cette nouvelle croix.
La petite taille de la croix, son fût qui n’est pas un monolithe mais qui est fait de deux moitiés mises bout à bout, tout indique une croix faite à l’économie, peut-être en relation avec les ressources d’un particulier.

Croix à niche à Aubigny-la-Ronce, refaite en 1899





5 - Croix de Polianges, Melin
Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n'est pas digne de moi. (Matt 10, 38)

Type de croix
Croix de carrefour

Orientation
Situation :
Elle est à l’intersection de la rue d’Amont et du chemin de Polianges
Latitude :  46° 58' 51,74" N
Longitude : 4° 42' 31,10" E

Altitude : 303,40 m
Taille : 3,90 m environ

Description :
Le croisillon semble très récent. Le fût cylindrique ressemble aux fûts de la croix des Pâquiers et de la croix Blanche qui sont datés du XIXe siècle. Le piédestal mouluré semble plus ancien.
Elle ne porte aucune inscription.
Une dalle transversale est disposée à terre devant le piédestal.

Historique :
Cette croix est la seule de Melin à figurer le cadastre de 1825. Le piédestal, paraissant plus altéré que le reste de la croix, laisse présumer une plus grande ancienneté. C’est un indice qui permet de supposer que cette croix, bien que récente, a pu en remplacer une autre sur le même piédestal.




6 - Croix du cimetière d’Auxey
Le langage de la croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés il est puissance de Dieu (I Cor 1, 18)


Type de croix :
Croix de cimetière

Orientation
Situation :
Dans le cimetière d’Auxey, en face de la chapelle Notre-Dame de la Pitié.
Latitude :  46° 59' 10,17" N
Longitude : 4° 44' 49,93" E

Altitude : 258,80 m
Taille : environ 3,40 m

Description :
Cette croix, datée du XVe siècle, est faite d’éléments disparates, ce qui témoigne d’une histoire mouvementée.
Le piédestal de section carrée puis octogonale, est fait de deux blocs liés par 4 forts crochets de fer. Le bloc supérieur montre de surcroît des emplacements de crochets anciens, semblant indiquer que c’est un bloc de réemploi. Le fût est lui aussi octogonal. À la jonction du fût et du croisillon, de diamètres différents, on retrouve d’anciens emplacements de crochets qui permettent de penser qu’avant la connexion actuelle chaque partie était liée à d’autres éléments disparus.
Le croisillon surtout est remarquable par son originalité et son élégance. Il est formé de quatre croissants, ou plutôt de 4 fers à cheval, car leurs extrémités ne s’amincissent pas, mais sont taillées en biseau.
Ces biseaux sont inscrits dans un carré parfait, sauf les 2 biseaux inférieurs.
Il est évident qu’une croix percée nécessite davantage de métier de la part du tailleur de pierre qu’une croix simple.
Des motifs décoratifs légèrement gravés figurent à la partie inférieure du croisillon : une rosace tracée au compas à l’occident, des cercles concentriques à l’orient.
La croix est orientée.

Historique :
Le cimetière et sa chapelle datent de la première moitié du XVe siècle (Armand Veau). La croix date probablement de cette époque.
Au XIXe siècle, alors que les souvenirs de la Révolution sont encore récents, Pierre Jacquelin écrit que la croix du cimetière a été abattue et brisée en 1793, et qu’on l’a remplacée par une ancienne croix provenant d’un autre endroit, la croix de Saint-Abdon, abattue aussi mais non brisée. En effet, l’examen de la croix actuelle montre qu’il est vraisemblable que le croisillon provienne d’une autre croix.
Cette croix a été classée monument historique en 1925.
Des croix de forme identique sont gravées sur des pierres tombales, dans le Châtillonnais, visibles dans les églises de Bure-les-Templiers, ou de Gurgy-le-Château. Ce sont des croix templières, d’un dessin un peu particulier. Si la croix d’Auxey est une croix templière, cela signifie que l’Ordre des Templiers possédait quelque terre à Auxey, mais cela n’est attesté nulle part. De plus, au XVe siècle cet ordre avait été aboli depuis longtemps. La similitude de forme des croix, peut-être, n’est que fortuite.
Les biseaux du croisillon s'inscrivent dans un carré
Les crochets de fer
Face orientale
Face occidentale
Bure-les-Templiers              Gurgy-le-Château

Selon un devis de 1812, on envisagea cette année-là de "replanter l'arbre et le croiseton" de la croix du cimetière, avec un mortier composé des deux tiers de chaux vive et du tiers de sable. Peut-être n'avait-elle pas encore été redressée depuis la Révolution.



 7 - Croix de Sainte-Barbe, Auxey
Chant à sainte Barbe :
Quand nous menacent les orages
Que tout est noir à l'horizon
Écarte de nous leurs ravages
Sainte-Barbe, nous t'implorons.

Type de croix :
Croix de carrefour


Orientation
Situation :

À l’extérieur du village, à l’intersection de la route de Beaune et de la route de Meursault.
Latitude :  46° 59' 15,28" N
Longitude : 4° 45' 20,18" E

Altitude : 255,70 m
Taille : la croix actuelle mesure environ 4,75 m

Description :
Le piédestal ancien est de section carrée, et se rétrécit par étages. Il porte l’inscription :
JBTE BATTAULT
DU MOULIN
AUX MOINES
A FAIT RELEVE
CETTE CROIX L AN
1818
RESURECTION

Sur chacune des quatre faces du piédestal, à la partie supérieure, on remarque la trace d'anciennes agrafes de fer qui maintenaient la base du fût. Leurs emplacements sont à peine visibles car ils ont été soigneusement obturés par des segments de pierre taillés avec précision.
Le fût et le croisillon sont de facture récente.

Cette croix présente une particularité qui n'a rien à voir avec la religion : elle sert de support à un repère de nivellement qui est visible sur la face arrière du piédestal.

Ces repères de fonte d'un diamètre de 7 cm ont été mis en place à la suite des travaux de nivellement général de la France menés par Charles Lallemand à partir de 1884. Le réseau Lallemand, qui a complété un réseau préexistant, a été remis en état par l'IGN à partir de 1962 (IGN = Institut national de l'information géographique et forestière).
Une autre croix du village, la croix Mion, possède aussi un repère, plus discret, fixé dans le soubassement. En plus de l'inscription "nivellement général", cet autre repère comporte les lettres IGN.
Le repère de la croix de saint Barbe a perdu la plaquette ronde fixée en son centre, qui indiquait l'altitude précise du lieu. En revanche, la croix Mion l'a conservée.
Utiliser une croix dans ce but profane n'est pas aussi étrange qu'il y paraît, car de tout temps certaines croix, en raison de leur situation, ont servi de repères et ont matérialisé les limites des paroisses ou des seigneuries.
De tels repères de nivellement ne sont pas rares sur les croix, car ces monuments sont censés être stables, pérennes, et faciles à trouver. C'est oublier qu'ils peuvent être déplacés lors de travaux, comme ce fut le cas pour la croix de sainte Barbe.

Historique :

Pourquoi sainte Barbe ? On sait peu de chose de la vie de cette sainte martyre des temps anciens. Comme son père impie a été foudroyé par le Ciel après qu'il l'ait mise à mort, elle est devenue patronne de tous ceux que leur activité expose au feu : les canonniers, les mineurs, les carriers, les forgerons. Elle protège contre la foudre et les armes à feu, et contre toute mort subite survenue sans qu'on ait reçu les derniers sacrements.
Près de la croix, on ne trouve ni carrière ni forge qui aurait pu expliquer ce vocable, mais peut-être est-il arrivé que la foudre frappe à cet endroit.
Ajoutons que Barbe a été un prénom féminin très en vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles, d’ailleurs toujours usité de nos jours sous la forme Barbara. La personne ainsi prénommée la plus connue dans la région est sans doute Barbe Deslandes, fondatrice de l’Hospice de la Charité de Beaune avec son mari Antoine Rousseau, en 1645. À cette époque, et plus anciennement encore, la popularité de ce prénom est attestée par l'existence de statues de la sainte dans les églises bourguignonnes, avec l'attribut qui permet de la reconnaître : la tour dans laquelle elle fut enfermée.

Puisque la croix a été relevée en 1818, c’est qu’elle existait auparavant, et peut-être depuis fort longtemps. Elle avait probablement été détruite sous la Révolution, car, située au bord d’une route à grande circulation, elle pouvait difficilement échapper à l’attention des bandes de révolutionnaires qui déchristianisaient le pays.
Le moulin aux Moines est situé à deux pas du calvaire. C’est une importante exploitation construite par les moines de l’abbaye de Cluny, sans doute à la fin du XIe siècle. À partir de 1350 la population décrut fortement, à la suite des guerres, des épidémies et des famines, et la main d’œuvre se fit rare. Aussi, ne pouvant plus exploiter le moulin, les moines le louèrent à bail perpétuel, moyennant des cens et des rentes, à Jean-Baptiste Battault en 1413. Sa famille conserva le moulin jusqu’au XXe siècle. Le moulin a encore fonctionné pendant la seconde guerre mondiale.
Selon Charles Bigarne, érudit beaunois, la famille Battault tire son nom de la métairie de Battaut située sur le territoire de Beaune, le premier dont il a trouvé la trace étant Andruet de Baestel en 1227.
Plusieurs Jean-Baptiste Battault ont possédé le moulin-aux Moines de père en fils. Celui qui a rétabli la croix est sans aucun doute celui qui a vécu de 1759 à 1841.

L'ancienne croix de Sainte-Barbe avant 1902
Le croisillon qui penche sur cette photographie ancienne a dû finir par tomber, et a été remplacé par un autre plus simple, dont les branches avaient une section carrée.
Cette nouvelle disposition n'a pas duré très longtemps. Le matin du 7 septembre 1944, un convoi de l’armée allemande en déroute tente de regagner l’Allemagne en utilisant la nationale. Après avoir traversé Auxey, il arrive au carrefour de la croix de Sainte-Barbe, où il est surpris par les blindés de l’Armée d’Afrique qui surgissent de la route de Meursault à la hauteur du moulin aux Moines. Selon le témoignage d'un soldat français qui a participé au combat, les Allemands sous-estiment la puissance de feu qui arrive. Ils tentent une manœuvre dérisoire en mettant en batterie une mitrailleuse MG 34. Les chars répliquent, la mitrailleuse est détruite, et la croix se trouve démolie. Étrange retour des choses pour une croix consacrée à sainte Barbe, patronne des artilleurs et des canonniers ! C’est le début de la bataille de libération d’Auxey. On comptera une trentaine de morts allemands aux alentours, et autant la nuit suivante à Auxey-le-Petit.

Seul le piédestal de la croix subsistait. En 1999, un fût et un croisillon neufs ont été refaits. Le 5 décembre, la croix a été bénie par le père Vincent Richard. Comme le carrefour a été fortement élargi en 1974, elle n’est plus tout à fait au même emplacement que jadis, et son orientation a pu être modifiée.






8 - Croix du cimetière d’Auxey-le-Petit

Prière dite pour la messe de saint Symphorien :
Dans votre bonté, Seigneur, accordez-nous votre secours, et grâce à l’intercession de vos bienheureux Martyrs Timothée, Hippolyte et Symphorien, étendez sur nous votre bras protecteur.

Type de croix
Croix de cimetière


Orientation
Situation
Elle est implantée devant l’église Saint-Symphorien d’Auxey-le-Petit.
Latitude :  46° 59' 19,00" N
Longitude : 4° 44' 14,19" E 
Altitude : 276 m
Taille : environ 4,60 m


Description :
Cette croix est composée de deux parties bien différentes : d’une part le piédestal qui remonte au XVe siècle, et d’autre part le fût et le croisillon, plus récents, portant la date de 1759. L’un des bras du croisillon est brisé et perdu depuis longtemps. La cassure porte la trace d'une réparation infructueuse. La situation en 1939 était sans doute déjà la même, car le registre du conseil paroissial indique que le croisillon est endommagé, et devrait être restauré "pour sa conservation et pour le coup d'œil".
L’emmarchement est développé sur tout le périmètre, et comporte trois marches octogonales. Le piédestal est savamment sculpté, selon les codes du gothique flamboyant qui usait de moulures aux arrêtes aigues, disposées en un arrangement parfois complexe. On n’a que la partie inférieure du piédestal ; une autre partie a été enlevée, creusée et déposée dans l’église où elle fait fonction de cuve de fonts baptismaux. Ce fait a été reconnu dès 1939 par le conseil paroissial. On trouve sur ce deuxième bloc le prolongement des nervures amorcées sur le précédent. Ce piédestal est beaucoup plus richement orné que celui de la croix du cimetière d’Auxey, pourtant daté du même siècle.
Alors que le soubassement et le piédestal octogonaux sont correctement orientés selon les points cardinaux, le fût et le croisillon ont été réinstallés en position désaxée. Mais il est possible que ce ne soit pas la disposition originelle, car en 1921, pour abattre un noyer qui se trouvait dans le cimetière, il a fallu enlever la croix puis la remettre en place.

Historique :
Auxey-le-Petit a été le siège de cultes très anciens remontant au paganisme. Une première chapelle aurait été fondée par saint Martin. Une église a été établie à l'emplacement actuel dès l’arrivée des moines de l’abbaye Saint-Symphorien d’Autun en 696. Elle a été refaite vers l’an 1000 et agrandie par l’adjonction d’un clocher et d’un porche vers 1200 (Armand Veau). C’est l’église-mère d’Auxey, la seule qui existait jusqu’au XVe siècle, époque à laquelle on a transformé en église la chapelle du château d’Auxey.
On n'a certainement pas attendu le XVe siècle pour doter d'une croix le cimetière qui entoure l'église. Celle que nous voyons a dû en remplacer une autre.
 
Le croisillon
La cuve des fonts baptismaux à l'intérieur de l'église
Le piédestal de la croix




9 - Croix de Saint-Abdon, Auxey

Prière dite pour la messe des saints Abdon et Sennen :
O Dieu, qui avez répandu sur les saints Abdon et Sennen une grâce si abondante qu’ils arrivèrent à la gloire du martyre, accordez à vos fidèles le pardon de leurs fautes, afin que par les mérites de vos saints ils échappent à tout péril.


Type de croix :
Est-ce une croix de chemin ? (elle est située à environ 20 m du chemin). Est-ce une croix destinée à protéger les cultures ?

Orientation
Situation :
Au milieu des bois, sur un terrain pentu, lieu-dit les Perrières
Latitude : 46° 58' 38,7" N
Longitude : 4° 44' 09,5" E

Altitude : 322 m
Taille : le fût et le croisillon mesurent 2,40 m. Quant au piédestal, la pente du terrain empêche de mesurer sa hauteur.

Description :
Sa situation au milieu des bois est assez récente, et est consécutive à l’abandon des terres cultivées où elle se trouvait.
Elle se présente comme le curieux assemblage d’un piédestal très fruste et d’une croix très soignée. Le piédestal n’est qu’un empilement de blocs de grande taille. On pourrait le qualifier de piédestal « mégalithique ». Seul le bloc supérieur est quelque peu travaillé, puisqu’il présente 12 pans coupés irréguliers. Le diamètre de ce bloc dépasse le mètre, et on peut estimer que son poids fait plus de 700 kg. D’autres blocs à l’état brut se voient par-dessous.
Le fût et le croisillon sont plus récents. La croix porte l’inscription INRI.

Historique :
« Nous pouvons supposer que le nom de St-Martin donné à une carrière seigneuriale à proximité de l’emplacement actuel de la croix St-Abdon avait pour origine l’existence d’une croix dédiée à St-Martin. Rien ne nous indique la date de l’érection de la croix de St-Abdon » (Armand Veau).
La croix de Saint-Abdon fut renversée en 1793. Comme elle n’avait pas été brisée, au lieu de la remonter sur place, on la transporta au cimetière pour remplacer celle qui s’y trouvait auparavant et qui avait été cassée. Ainsi, l’ancienne croix de Saint-Abdon, tout au moins sa partie supérieure, serait l’actuelle croix du cimetière (selon Pierre Jacquelin).
Le piédestal était resté en place. Les propriétaires du terrain ont fait refaire la croix au cours du XIXe siècle. Le fût a été à nouveau refait vers 2000.
Saint Abdon et son compagnon saint Sennen sont des saints anciens et mal connus, d’origine perse, qui ont subi le martyre à Rome au IIIe siècle. Comme les reliques de ces deux saints auraient été transportées dans un tonneau, saint Abdon est devenu le patron des tonneliers. Il a  d’autres qualités : il est généralement invoqué pour la guérison des enfants rachitiques, mais surtout il protège contre les orages et la grêle. Certains pensent que c’est seulement là une conséquence de son nom (entendu comme saint « Tape-Donc »). Cependant ce pouvoir est anciennement signalé au monastère de Sainte-Marie d’Arles (Pyrénées Orientales) qui possédait des reliques de ce saint depuis l’an Mille, où on l’invoquait contre les tempêtes et intempéries de l’air.
« C’est certainement à ce dernier titre que son vocable a été choisi pour garantir Auxey contre les orages et les grêles, qui nous arrivent presque toujours de cette gorge. Que nos vignerons catholiques et croyants d’Auxey veuillent bien se souvenir de St-Abdon et de son compagnon St-Sennen et n’oublient pas de les prier les jours d’orage » (Armand Veau).
En effet, avec le réchauffement climatique annoncé, le pouvoir d’intercession de ce saint va devenir particulièrement utile ! On pourra y associer sainte Barbe, qui protège contre les orages et à qui une autre croix d'Auxey est dédiée, et aussi saint Hyacinthe, qui figure sur un tableau de l’église, et qu’on invoque contre la grêle : de son vivant, il avait miraculeusement rétabli dans leur état premier des récoltes ravagées par la grêle.






10 - Croix Mion, à Auxey

David ordonna de rassembler les étrangers qui vivaient dans le pays d’Israël, et il désigna les tailleurs de pierre pour couper les moellons devant servir à la construction de la maison de Dieu
(1 Ch 22, 2).



Type de croix :
Croix de carrefour, dans le village
Orientation
Situation :
À l’intersection de la rue Traversière et de la route de Beaune
Latitude :  46° 59' 12,42" N
Longitude : 4° 44' 58,55" E

Altitude : 261,60 m
Taille : environ 5,80 m

Description :
C’est la plus haute croix du village. Elle porte la date de 1729 à la base du croisillon. Elle présente un Christ métallique sur sa face orientale, et non occidentale comme le voudrait l'usage. Les mains du Christ sont fixées par des tiges métalliques qui traversent la pierre de part en part. Ce croisillon n’est pas dans le même plan que le reste de la croix, mais a subi une rotation de près de 20°.
Un dé en ciment a été ajouté pour consolider la base du fût. De même, la marche sur laquelle repose le piédestal a été à moitié refaite en ciment.

Historique
Jean Mion était maître tailleur de pierre à Auxey. Il est né à Saint-Sabine le 27 janvier 1699. Son beau-père, Jean Piogey, père de Jeanne Piogey qu'il a épousée en janvier 1720, était tailleur de pierre à Monthelie.
Jean Mion travaillait dans l’ancienne carrière Saint-Martin, située à quelques centaines de mètres du village, nommée depuis la « poraire à Mion », poraire voulant dire carrière. Il est mort en 1746 écrasé par un éboulement. Une légende, dont on a démontré la fausseté, voulait que son corps soit resté prisonnier sous l’éboulis. Très croyant, il a fondé une messe en 1735 à la mémoire de son fils, messe qui se disait encore en 1932 (informations tirées de l’ouvrage d’Armand Veau).
Il a certainement construit ou rénové plusieurs croix des environs, car à sa mort on a trouvé dans son atelier ou sa carrière deux grandes pierres de 9 et 10 pieds de long, "propres à faire des colonnes de croix", ainsi qu' "un croiseton de croix taillé".
Puisqu’il a laissé son nom à cette croix datée de 1729, c’est sans doute qu’il l’a construite, ou qu’il a restauré une croix plus ancienne qui tombait en ruine. Elle est d’une grande hardiesse, et impressionne davantage quand on la voit d’en bas, depuis la rue Traversière, communément désignée par « rue de la Croix ».
Un devis de 1812 indique qu'il a fallu à cette date "réparer les soubassements de cette croix" , et "fournir les marches qui y manquent".


 
11 - Croix Saint-Martin, Auxey
Prière dite pour la messe de saint Martin :
O Dieu, qui voyez que nous ne saurions nullement subsister par nos propres forces, faites, dans votre bonté, que l’intercession du bienheureux Martin, votre Pontife et Confesseur, nous fortifie contre tous les maux.
   

Type de croix :
Cette croix de village est probablement une ancienne croix de cimetière, puisqu’on a enterré autour de l’église jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Le registre paroissial signale à la fin du XVIIe siècle des inhumations faites "proche de la croix, au cimetière de l'église". C'était, sinon la croix actuelle, du moins sans doute déjà son piédestal.  


Orientation
Situation actuelle :
Au chevet de l’église Saint-Martin d’Auxey
Latitude :  46° 59' 09,57" N 
Longitude : 4° 44' 46,38" E
 
 


Altitude : 260,30 m
Taille : environ 4,90 m


Description :
L’emmarchement est développé sur trois côtés. Au-dessus des quatre marches, le piédestal est très réduit, il n’est guère autre chose qu’un simple dé.
Le fût et le croisillon ont le style du XVIIIe siècle : ces éléments rappellent ce qu’on voit sur la croix Mion et sur la croix du cimetière du Petit-Auxey, qui sont datées de cette époque. Le croisillon a cependant été refait plus récemment, car les marques des outils du tailleur de pierre, bien visibles, ne paraissent nullement érodées sur cette partie de la croix, à la différence de ce qu'on constate sur le fût.
Un Christ métallique est fixé sur cette croix, trop petit par rapport à ses proportions. Ce Christ est tourné vers l’orient et non vers l'occident en raison de la situation de la croix contre un mur.


Historique
Cette croix a longtemps été désignée comme « la croix de la place ».
En 1919, on constate qu'elle penche et menace de tomber, déstabilisée par les arbres qui poussent auprès d'elle.
En 1921, Monsieur l'abbé Mouquin, curé du village, propose d'intégrer cette croix au monument aux morts que l'on envisage d'installer sur la place de l'église. La proposition n'est pas retenue, et la croix est réparée pour ne pas s'écrouler.
Elle est transférée en novembre 1924 au chevet de l'église où elle se trouve actuellement, devant une fenêtre en arc brisé qui a été murée autrefois.

Voici ce qu'en dit Armand Veau : « Depuis un temps reculé, une croix, sans vocable connu, existait sur la place de l’église. Elle servait autrefois de croix stationnelle, c’est-à-dire de but pour les processions qui avaient lieu chaque dimanche.
Une rangée d’arbres plantés à proximité menaçait de la soulever sous l’action des racines, et aussi de la casser par le frottement des branches. Pour cette raison, M. l’abbé Mouquin, curé d’Auxey, la fit déplacer en 1925 et ériger contre le mur extérieur du chœur de l’église, à proximité du monument aux morts de la guerre. En même temps, il la plaça sous le vocable de St-Martin, patron de la paroisse et de l’église ».

Le bras gauche de cette croix a été brisé en 1940, sans qu'on sache comment, dans les jours qui ont suivi l'arrivée des Allemands à Auxey. La réparation n'a été faite qu'après la guerre.
L'ancien emplacement de la croix Saint-Martin, carte postale





12 - Stèle de Jean-Baptiste Brigodiot, Auxey
Qu’as-tu fait ! reprit le Seigneur, la voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi (Gn 4, 10).


Type de croix :
Stèle commémorative surmontée d’une croix (brisée)

Orientation
Situation :
Au bord du chemin qui conduit de Monthelie au moulin aux Moines

Latitude  : 46° 59' 18,00" N
Longitude : 4° 45' 43,80" E

Altitude : 250,40 m
Taille actuelle de la stèle : 1,70 m

Description :
Stèle portant l’inscription :
A LA MEMOIRE
DE JB BRIGODIOT
NE A REMILLY-S-TILLE
MORT VICTIME
D’UN GUET-APENS
LE 3 AOUT 1868
A l’AGE DE 22 ANS
D………
PAR SES AMIS
RECONNAISSANTS

On aperçoit au sommet le goujon de fer qui servait à maintenir la croix.

  
Historique

Jean Baptiste Brigodiot, âgé de 22 ans, ouvrier tonnelier chez François Clerget à Auxey-le-Grand, a été assassiné dans une vigne du lieu-dit les Écusseaux.
Le dimanche 2 août 1868, il se rendit à Monthelie, car c'était la fête dans ce village. Selon le Journal de Beaune de l'époque, Il était "d'une forte corpulence, mais d'un caractère très doux". Au cours de la fête, il s'est trouvé impliqué dans une querelle avec des individus de Meursault et de Meloisey. Comme il quittait Monthelie vers trois heures du matin, deux d'entre eux le rejoignirent sur le chemin du moulin aux Moines, et le frappèrent, sans doute à coups de pierres.
On ne retrouva son corps que le mercredi 5 à onze heures du matin, dans la vigne des Écusseaux, à quatre mètres du chemin, déjà décomposé par la chaleur du mois d'août. Les vignes de ce temps-là, plantées en foule, pouvaient dissimuler facilement un corps allongé. Il est probable qu'il ait été recherché puis découvert par son patron François Clerget, accompagné de son fils Auguste Clerget, lui aussi tonnelier, car ce sont eux qui ont déclaré le décès à la mairie d'Auxey.

L'examen du corps a montré qu'il avait été frappé par derrière : il présentait "une ecchymose large et profonde" entre les omoplates.
Les gendarmes arrêtèrent rapidement Étienne D., de Maitranceaux, et Pierre C., de Meloisey, qui s'est constitué prisonnier après avoir cherché à fuir, toujours selon le journal de Beaune. Mais les preuves faisaient sans doute défaut, car malgré une instruction conduite par le juge Guenot du tribunal de Beaune, le procès aux assises de Dijon n'a conduit à aucune condamnation.


Jean-Baptiste Brigodiot, né le 29 juin 1846, était issu d’une famille de cultivateurs de Vaux-sur-Crosne, hameau de Remilly-sur-Tille. Cette stèle a été élevée à sa mémoire sur les lieux du crime. La croix qui la surmontait a disparu depuis longtemps.





13 - Les croix disparues d'Auxey :

Deux croix au moins sont citées par le terrier de 1519, mais ne le sont plus dans celui de 1736. Il faut croire qu'elles ont disparu avant cette dernière date. 

- La croix Morand, encore citée par le manuel de 1692 de l'abbaye de Maizières, se dressait au carrefour des 5 chemins :
Longitude : 4° 45' 01,63" E
Latitude  : 46° 59' 05,68" N
Ce document précise qu'il s'agissait d'une croix de pierre.

- La croix du Châtelet, ou au Moulin Neuf, se trouvait probablement dans le secteur du lieu-dit actuel "sous-le-Châtelet".

Deux autres croix disparues peuvent être signalées :

- La croix Saint-Martin. On suppose qu'elle a existé et qu'elle a donné son nom à la carrière Saint-Martin toute proche (qui s'est ensuite appelée la poraire à Mion). Si elle a vraiment existé, a-t-elle disparu ensuite ? Ou bien a-t-elle été rebaptisée pour devenir celle que nous nommons maintenant la croix de Saint-Abdon ?

- La croix Guillon se trouvait à Melin. Elle portait le nom d'une ancienne famille du lieu. Un texte de 1746 parle d'un terrain dont la superficie est d'environ une ouvrée, situé "proche la croix Guillon". Faute d'informations complémentaires, on ne connaît pas son emplacement, et on ne peut pas dire si cette croix est l'une de celles qui existent encore ou si elle a totalement disparu.





ANNEXE : le dépliant des croix d'Auxey-Duresses






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