CHASSAGNE-MONTRACHET


Chassagne possède sur son territoire une carrière dont on extrait une pierre d’une excellente qualité (calcaire d’âge bathonien comme la pierre de Comblanchien). C’est là un matériau de choix pour construire ou restaurer solidement les croix du village.



1 - Croix devant l’église


La foule nombreuse venue pour la fête apprit que Jésus venait à Jérusalem ; ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre et ils criaient "Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur" (Jn 12, 12)
Orientation



Situation :
Cette croix de type Hosannière est située sur la place de l’église face à la porte principale.
Latitude :  46° 56' 11,13" N
Longitude : 4° 43' 39,28" E
Altitude : 255,5 m
Taille approximative de la croix : 5,60 m

Description :
On remarque d’emblée la haute taille du monument. Le piédestal de section carrée est installé sur un double emmarchement. Il est surmonté par un entablement qui forme une corniche débordante. Tout cela est en très bon état et présente des arêtes vives qui indiquent que ces éléments ont été refaits dans un passé relativement proche.
Le dé qui supporte le fût, en revanche, est davantage altéré et paraît plus ancien. Il porte une inscription sur sa face occidentale :
O CRUX
AVE 1820

Quant au fût cylindrique, d’un fort diamètre et qui s’élève d’un seul jet, il supporte le croisillon où est sculpté un ostensoir, ainsi que le titulus INRI.


Historique :
C’est la croix de l'ancien cimetière, qui a longtemps entouré l’église, et qui fut abandonné après la création du nouveau en 1854. En effet, le plan du cadastre de 1839 situe cette croix à l'intérieur du cimetière.
Un reposoir était aménagé lors des grandes fêtes pour y venir en procession depuis le chœur de l'église. Pour la fête des Rameaux, il était garni de grands vases de buis. C'est là que le prêtre bénissait tous les buis apportés par chaque fidèle pour nous rappeler l'entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem, et de la même façon souhaiter sa bienvenue dans notre cœur. Pour la Fête-Dieu, ce sont des roses qui l'ornaient. Les enfants jetaient des pétales de roses pour rendre honneur et témoigner notre amour au Père.





2 - Croix du cimetière

Père Saint, je remets mon âme entre vos mains : faites-moi miséricorde !
Jésus qui étais mort pour mon amour, accordez-moi la grâce de mourir dans votre amour.

Orientation
Situation :
Latitude :  46° 56' 21,81" N
Longitude : 4° 43' 58,41" E
Altitude : 245,3 m
Cette croix se dresse au centre du cimetière actuel.
Taille approximative : 4,80 m


Description :
Cette croix, la plus élevée, domine le cimetière par sa haute taille et par la figure imposante du Christ grandeur nature qu’elle supporte. Elle est un signe d'espérance chrétienne, et l'assurance de la vie éternelle.

Le soubassement est composé de deux marches particulièrement larges qui donnent une bonne assise au monument. Un fort piédestal y est posé, dont la corniche est coiffée par une sorte de pyramide à degrés qui sert de base au croisillon. En effet, il n’y a ni fût ni chapiteau.

Alors que les supports ont été réalisés en pierre de taille, le grand croisillon est constitué de métal, et a été peint. Le Christ métallique qui lui est fixé est surmonté du titulus qui a la forme d’un large panonceau également métallique, sur lequel est portée l’inscription JNRJ (et non INRI, ce qui est le seul cas dans toute la paroisse).


Historique :
Bien sûr, cette croix a été construite après le déplacement du cimetière dans ce nouveau site, en 1854.






3 - Croix Rousse

Jésus dit : "Voici, je me tiens à la porte et je frappe, et si quelqu'un entend ma voix et qu'il m'ouvre j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi " (Ap 3, 20)


Orientation

Situation :
Latitude :  46° 56' 03,38" N
Longitude : 4° 43' 29,17" E
Altitude : 261 m
Cette croix s’élève en bordure de la rue du Grand Puits, près d’une petite place.
Elle mesure approximativement 3,30 m.

Description :
Elle a été réalisée très récemment. Celle qui l’a précédée était d’un modèle identique, mais elle a été détruite accidentellement par un camion, ce qui a nécessité une réfection totale en 2015, financée par l’assurance de la société de transport.

Le piédestal carré, surmonté d’une corniche, est posé sur le sol sans soubassement apparent. Le dé qui supporte le fût est le seul élément de la croix qui présente une inscription : il s’agit de la date 2015, année du rétablissement de la croix.



Historique :

La Croix Rousse d'après une ancienne carte postale (détail)

La croix démolie avait un fût qui portait une date : 1803. Il s’agit donc d’une croix construite ou reconstruite juste après le concordat qui a rétabli la liberté du culte. Le plan du cadastre de 1839 montre qu’elle était déjà installée à l’emplacement exact de la croix actuelle.
Elle semble tirer son nom de la couleur de la pierre dans laquelle elle avait été taillée autrefois.
Une photographie accessible par la base Mérimée montre son aspect en 2011.
Sur ce document, la partie inférieure du monument semble récente et contraste avec le fût ancien, indiquant une restauration intervenue à la fin du XXe siècle. Il y avait un piédestal aux dimensions de celui qui existe maintenant, mais sans corniche et constitué de pierres maçonnées et jointoyées au ciment.

La Croix Rousse avant l'accident
De même, le croisillon d’une grande simplicité a fait place à un modèle plus recherché.
D’une manière générale, la nouvelle croix est plus élégante que l’ancienne et réalisée en matériaux de meilleure qualité. On peut cependant regretter la destruction du fût de 1803 dans l’accident.




4 - Croix des masures

Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple (Lc 14, 27)

Orientation


Situation :
Latitude :  46° 55' 57,97" N
Longitude : 4° 43' 38,39" E
Altitude : 241 m



Cette croix de chemin est située à la sortie du village, côté sud-ouest, à l’intersection de la route D113 A Chassagne-Santenay et du chemin vicinal dit du Pré-Melin.
Elle tire son nom du lieu-dit où elle est implantée. Elle est installée sur un talus qui lui permet de dominer le vignoble voisin, et qui la met au niveau de la route.
Taille approximative : 4,40 m.

Description :
Les marches octogonales qui forment le soubassement sont passablement disjointes.

Le piédestal, lui aussi octogonal, ne présente pas de surface horizontale à son sommet, mais une forme de dôme qui interdit le dépôt d’objets de culte. C’est sans doute pourquoi une petite console existe à l’avant du piédestal.

Une inscription figure sur les faces qui se situent de part et d’autre de la console, de façon à former une phrase complète. Elle est peu visible car les lettres sont gravées peu profondément :

À gauche :
EXPANDI
MANUS
MEAS
À droite :
AD
POPULUM
IS LXV 2
J’ai tendu mes mains au peuple, Isaïe 65, 2.
Toujours sur le piédestal, un cartouche sculpté en forme de ruban donne la date de construction de la croix : 1886.

Le fût octogonal supporte un croisillon orné, sur lequel figure un Christ sculpté, dont l’image est altérée par des brisures.

Cette croix présente une belle homogénéité de style et ses divers éléments paraissent tous d’origine.

Historique :
Dans les écrits de l’abbé Garnier, il est indiqué qu’une statue de Notre-Dame de Pitié fut installée au bas de la voie qui porte aujourd’hui le nom de rue Notre-Dame. C’était là où les veuves se rendaient avec tous leurs enfants le 1er dimanche après leur veuvage pour la protection de Notre-Dame des 7 Douleurs. Cette statue de Notre-Dame de pitié a été détruite par vandalisme en 1793. La croix des Masures étant située près du bas de la rue Notre Dame, peut-on supposer qu’elle ait été édifiée à la place de cette statue ?
Ce n'est pas certain, car on dispose d’un témoignage qui montre que la croix existait déjà sous l’Ancien Régime, puisque la famille de Marcilly a rétabli cette croix qui avait été abîmée ou détruite par les révolutionnaires. Cette famille en effet possédait le vignoble environnant, y compris la parcelle où la croix a été établie.

La croix ne figure pas sur le plan du cadastre de 1839. Cela veut-il dire qu’elle a été omise, ou bien qu’elle n’avait pas encore été reconstruite à cette date ? Dans ce cas, l'endroit a été dépourvu de croix entre 1793 et 1886.
La dégradation du soubassement provient peut-être d’une instabilité du talus, mais plus sûrement de l’existence d’un bouquet d’arbres qui entourait la croix, dont les racines ont pu commettre des dégâts. Ces arbres sont encore visibles sur une photographie de 1979 consultable par la base Mérimée.
Il est difficile de dire si la mutilation de la figure du Christ est due à la malveillance, ou aux chocs des branches agitées par le vent.





5 - Croix de Morgeot

Notre secours est dans le nom du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre. Couronne, ô Seigneur, l'année de tes bénédictions et de tes bienfaits, et que les champs ruissellent de fécondité. Les regards de tous les êtres se tournent vers Toi, Seigneur, et tu leur donnes leur nourriture au temps indiqué. Seigneur, exauce notre prière, et que notre cri parvienne jusqu'à toi (prière des Rogations).
Orientation




Situation :
Latitude :  46° 55' 42,09" N
Longitude : 4° 43' 27,44" E
Altitude : 246,2 m

Cette croix de chemin isolée se situe à l’entrée nord du hameau de Morgeot, au carrefour de la D113 A et de la rue du hameau de Morgeot.
Taille approximative de la croix : 4,2 m


Description :
Le piédestal, de forme simple et carrée est posé sur une marche en partie enterrée.

Il supporte un dé, lui-même surmonté par un fût cylindrique.
Le chapiteau et son tailloir constituent la seule ornementation de cette croix très sobre.
Le croisillon se caractérise par une base élargie et par un disque central.
On ne remarque aucune inscription.

Sur le sol, devant la croix, se trouve une dalle transversale, qui sert maintenant de support à un bac à fleurs.

Historique :
Sur le plan du cadastre de 1839, cette croix était située au milieu du carrefour.
Sans grande originalité, elle paraît dater du XIXe siècle, mais elle remplace sans doute une croix plus ancienne, puisqu’elle indique l’embranchement qui conduit à Morgeot, établissement monastique cistercien. En effet, un plan du XVIIIe siècle conservé aux Archives départementales signale qu'une croix se dresse déjà à cet endroit, à côté d'une autre construction peu engageante, selon ce que dit la légende : "la croix de Morgeot et pillory du péage".
Morgeot, grange monastique de l'abbaye de Maizières, apparaît dans les textes en 1190 (publication du C.B.E.H., 1990).






6 - Croix des Carrières

Dieu t'appelle et veut ton bonheur : depuis le Ciel il te regarde et te déclare ceci : "Je t'aime d'un amour éternel ; c'est pourquoi je te conserve ma bonté " (Jr 31, 3)
Orientation






Situation :
Latitude :  46° 56' 25,16" N
Longitude : 4° 43' 32,00" E
Altitude : 274,7 m
Elle se situe sur le chemin qui conduit aux carrières de Chassagne, entre les vignes du finage du clos Saint-Jean et celui du clos Saint-Abdon. Le croisillon est en partie masqué par les branches des arbres voisins.
Taille approximative : 4,1 m.

Description :
Le piédestal de taille réduite est supporté par une large marche monolithique.
Il comporte deux inscriptions sur deux faces opposées :


Au nord :
BEATI, OMNES
QUI EO
CONVENERUNT
XII-V-MMI
Heureux tous ceux qui se sont rencontrés en Lui
12 mai 2001


Sur la face opposée, au sud :
REHABILITE PAR
LE LIONS CLUB
MARC D’OR
ET LA STE LARDET







Le Lions Club Marcs d’Or est un club dijonnais.
La société Lardet exploitait les carrières situées à proximité de la croix. Ces carrières, entrées depuis dans le groupe Rocamat, ont été rachetées récemment par le groupe canadien Polycor.
Une puissante colonne cylindrique supporte un croisillon sculpté qui semble plus ancien et dater du XIXe siècle, décoré d’un ostensoir et portant le titulus INRI.



Historique :
D’après les écrits de l’abbé Garnier, il y eut autrefois une chapelle dédiée à saint Abdon, dans ce lieu-dit qui porte le même nom, remplacée plus tard par un monument, lui-même détruit en 1793. La croix a peut-être été installée dans ce lieu-dit au XIXe siècle pour perpétuer le souvenir de ce culte.
Son état a nécessité une importante restauration en 2001. Il semblerait que seul le croisillon de la croix ancienne ait été conservé.





7 - Croix du Parterre

Ô Dieu Tout-puissant, nous implorons de Ta bonté que les fruits de la terre, que Tu daignes nourrir en leur ménageant la chaleur et la pluie soient pénétrés de la rosée de tes bénédictions, et que Ton peuple puisse toujours Te remercier de Tes dons, de sorte que grâce à la fertilité de la terre, les affamés soient comblés de biens et que le pauvre et l'indigent célèbrent la gloire de Ton nom (prière des Rogations).
Orientation







Situation :
Latitude :  46° 56' 10,28" N
Longitude : 4° 43' 23,47" E
Altitude : 280,6 m



Cette croix était située précédemment au 3 rue du Clos Saint-Jean, entre deux gros marronniers.
Puis elle a été transférée à son emplacement actuel, au-dessus du village qu’elle domine, dans le parc du Parterre qui lui a donné son nom.
Taille approximative : 3,70 m.

Description :
Le soubassement est constitué d’une marche très peu débordante, presque totalement recouverte par le piédestal.

Sur le dé qui supporte la colonne cylindrique, on lit une date gravée : 1803.
Mais l’inscription la plus remarquable se situe sur la face avant du piédestal :
PIERRE FRANÇOIS
GAULTIER A FAIT ÉLE
VER CETTE CROIX SUR
SON TEREIN EN ACTION
DE GRACE DE CE QU’IL A ÉTÉ
PRÉSERVÉ DE LA GRÊLE CET
TE ANNÉE ET POUR RAPPELLER
A SA POSTÉRITÉ QUE L’HOMME
TIENT TOUT DE DIEU ET QU’EN
LUI SEUL IL DOIT METTRE
SA CONFIANCE 1790 


Le croisillon est plus récent : ses arêtes sont moins érodées que celles du piédestal et du fût.


Historique :

À peine construite, cette croix de 1790 a probablement été abattue en 1793, année où la déchristianisation fut particulièrement destructrice.
Seul le piédestal a dû subsister. Il est en effet significatif de constater que le dé porte la date de 1803 : cela semble montrer qu’on a rétabli la croix après la tourmente révolutionnaire.
Plus tard, le croisillon a de nouveau été remplacé.
Une photographie de la base Mérimée de 1978 montre la croix encore située dans le village, mais « démantelée ». En effet, on voit ses divers éléments démontés et empilés les uns sur les autres.

Voilà ce qu’écrit l’abbé Garnier sur la famille Gauthier :
« Ce fut peu de temps après son arrivée (à Chassagne) que Monsieur Pierre Gauthier, trésorier de France en la généralité de Bourgogne, fit don à l’église d’une somme de 400 F pour l’achat d’un encensoir d’argent et d’une paire de burettes ainsi que le porte le sous-seing privé signé par lui et par les sieurs Perchet, curé, et les fabriciens Claude Beuley le jeune et Pierre Fouquerant en date du 30 septembre 1748. Cet encensoir et le plat des burettes, comme tant d’autres objets, ont été pris en 1793. »
Plus loin, il indique que Monsieur Gauthier a « dans sa propriété qui domine le village, tracé des terrassements, établi des jardins anglais et fait différentes plantations d’agrément. » C’est l’actuel parc du Parterre.
Il ajoute qu’en 1760, « Monsieur Gauthier, aussi zélé pour l’église que l’avait été son père, fit don à la fabrique d’un très beau dais en velours cramoisi du prix de 800 F. »
Il n’est pas étonnant qu’une famille aussi considérable et aussi pieuse ait fait construire une croix sur sa propriété. C’est probablement par sa volonté qu’elle a été rétablie en 1803. Ses libéralités ont continué par la suite, puisque l’abbé Garnier nous apprend qu’en 1844 « Mlle Gauthier vient de faire don d’une belle chape. »

La grêle de 1790, mentionnée sur cette croix, est également évoquée par Charles Paquelin, le vigneron de Chassagne qui a consigné par écrit les événements de son temps : « Cette même année, le trente juin, le finages a ette une partie grellé par le vent du cotté d’Autun, les vignes et les graines bien mal accomodés … »
Plus loin : « Ceux qui avaient du vin faisoient de l’argent, mais il était bien rare … »

Le transfert de la croix à son emplacement actuel a été une heureuse initiative, car elle est maintenant bien mise en valeur.







Croix disparues

Deux autres croix existaient encore à Chassagne en 1839, comme l’atteste le plan du cadastre :

  • L’une était située sur la placette qui forme l’intersection de la rue Charles Paquelin et de la rue des Carrières.
  • L’autre était au milieu du carrefour de la rue Principale et de la route de Santenay.





ANNEXE : le dépliant des croix de Chassagne-Montrachet




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